Après avoir passé deux belles semaines aux Açores dans l’île de Faïal, le temps de se reposer et en même temps de reprendre une activité physique qui nous a beaucoup manqué pendant le confinement, la dengue, puis la traversée, nous sommes partis pour les 2 dernières étapes, la première jusqu’aux Sables d’Olonne puis continué jusqu’au Verdon.
Avant de repartir, un petit saut au Peter’s café pour un bon repas avant la traversée.
Peu après le départ des Açores, nous avons constaté que notre éolienne ne tournait pas normalement, elle était freinée, donc ne chargeait pas les batteries ; heureusement le soleil était là mais les panneaux ne chargeaient pas suffisamment pour permettre au pilote automatique de fonctionner 24h/24. Nous avons donc barré environ 12 heures par jour jusqu’en France.
Nous avons croisé la route des cargos qui allaient d’Ouessant au Cap Finisterre et inversement : on pouvait suivre l’AIS (Automatic Identity System) sur notre écran de iPhone, la direction et la vitesse des cargos ainsi que la distance à laquelle nous allions les croiser, c’est toujours un peu stressant, mais les distances furent assez grandes. Nous sommes le petit point rond à gauche de l’écran.
Environ 100 miles plus loin, notre écran montrait un grand groupe de voiliers arriver en sens inverse : il s’agissait des bateaux de 6.50m qui régataient pour la qualification de la mini-transat. Quelques jours plus tard ils arrivaient aux Sables D’Olonne : environ 70 bateaux qui avaient été menés en solitaires pendant plus de 1000 miles, chapeau les marins !
Nous sommes arrivés aux Sables après deux semaines de navigation au portant (vent arrière) et nous avons été accueillis par nos amis Valérie et Camille du bateau Aquilon, que l’on avait quittés sur le même ponton sept ans auparavant. Ils nous ont invités dans leur maison pour la nuit, quel confort inespéré, merci !
Pierre a démonté l’éolienne pour diagnostiquer la panne, ce qui n’était pas possible en naviguant. Il s’est agi d’une panne du régulateur de charge qu’il faudra remplacer.
Puis nous avons fait un grand ménage du bateau et plusieurs réparations. En même temps on a cherché un endroit pour stocker le bateau pour l’hiver : nous avons opté pour Port Medoc au Verdon à l’entrée de l’Estuaire de la Gironde, sur la rive sud.
Après deux semaines aux Sables, nous sommes repartis pour une étape de 80 miles jusqu’à Port Médoc. L’entrée de l’Estuaire a été assez sportive car nous sommes descendus plus vite que prévu et nous nous sommes retrouvés à l’entrée du chenal avec un fort courant dû au courant venant du nord, du courant de la marée descendante de la Gironde et 20 nœuds de vent de travers. Tout fut plus calme après l’étale et renversement du courant.
Guidé par le phare de Cordouan, nous sommes arrivés vers midi à la pointe de Grave, beau soleil, Gironde calme, une merveilleuse arrivée.
Le phare de Cordouan est le plus vieux phare français encore en activité, il se trouve sur une île qui couvre et découvre selon la marée, donc il vaut mieux arriver à marée basse pour pouvoir le visiter. Un premier phare « primitif » avait été construit en 1360, 16 mètres de hauteur. Puis, après avoir subi gravement les tempêtes, il fut reconstruit et transformé en un monument grandiose de 68 mètres par le roi Henri III. Il a été électrifié en 1948.
A Port Médoc, nous avons désarmé le bateau qui restera tout l’hiver dans l’eau. La région du Médoc est agréable à visiter à vélo, c’est tout plat et il fait beau !
Nous avons fait une escapade à Bordeaux en train afin de trouver une voiture pour rentrer, la réservation par internet étant impossible ! Nous voulions déménager une partie du bateau. Résultat : pas de voiture pour un one-way tout en restant en France, la faute apparemment au Covid qui a fait vendre une grande partie du parc de voitures !!!
Alors, nous sommes rentrés « légers » en avion à Genève le 8 septembre dernier, heureux d’avoir accompli jusqu’au bout notre projet de tour du monde à la voile dont il nous reste pleins de merveilleux souvenirs, non seulement des paysages, mais surtout des rencontres enrichissantes de personnes avec lesquelles on a gardé des contacts et que l’on a envie de revoir.
Carte du monde : notre itinéraire de 2013 à 2020
Sables d’Olonne-Espagne-Portugal-Madère-Canaries-Barbade-Grenade-Grenadines-Sainte-Lucie-Martinique-Guadeloupe-San Blas-Canal de Panama-Las perlas-Galapagos-Marquises-Tuamotu-Tahiti-Tonga-Nouvelle Zélande-Fidji-Vanuatu-Nouvelle Calédonie-Détroit de Torres-Darwin-Indonésie-Malaisie-Thaïlande-Chagos-Rodrigues-Maurice-Réunion-Madagascar-Mozambique-Afrique du Sud-Sainte Hélène-Jacaré (Brésil)-Iles du Salut (Guyane)-Trinidad-Grenade-Union-Martinique-Açores-Sables d’Olonne-Le Verdon (Port Médoc)
Un grand merci à vous tous qui nous avez suivis et très souvent répondus. Continuez à nous donner de vos nouvelles.
Confinés en Martinique à la « mode française » pendant plus de deux mois à la marina du Marin, nous étions près d'une Mangrove où les moustiques grouillaient, et malgré nos précautions anti-insectes, nous avons contracté une dengue quelques jours avant le départ prévu ; Pierre a commencé et j'ai suivi 48 heures après. Fièvre, courbatures intenses et pleins d'autres symptômes peu sympathiques nous ont obligés à repousser notre traversée de 15 jours. Nous avions hâte de retrouver l'air marin du large et une reprise d'activité.
La traversée s'est bien déroulée malgré des zones peu ou pas ventée, nous en avons profité pour dormir quelques nuits quasiment entières.
Tout au long de la traversée nous avons pu observer ces nombreuses fausses méduses appelées physalis (même nom que le fruit) qui ont de longs appendices sous-marins avec lesquels il ne faut absolument pas entrer en contact car ces longs fils provoquent des brûlures intenses et douloureuses provoquant très rapidement une plaque urticarienne rouge et indurée. En relevant une ligue de pêche, j'ai pu expérimenter ce phénomène car il y avait des résidus de fils toxiques sur la ligne que je nettoyais, heureusement seulement une petite surface a été touchée. De ce fait nous n'avons pas osé nous baigner car ces physalis étaient partout.
Après 2500 miles soit environ 4600 kilomètres, nous sommes arrivés à Faial, un des deux ports des Açores ouvert aux navigateurs de passage. Nous avons dû nous amarrer au « ponton Covid » pour une brève quarantaine.
Le lendemain matin, nous étions amenés avec les autres équipages vers un cabinet médical improvisé pour des tests du Covid : frottis de nez et frottis de gorge.
Après 24 heures nous avions les résultats, heureusement tous négatifs. Nous avons donc été libérés et avons pu visiter le port et la ville de Horta. Tout d'abord toutes les peintures, reflet de tous les passages des navigateurs aux Açores, il y en a partout, sur tous les murs et les parterres du port.
Nous sommes également allés au Peter's Café, lieu de rencontre mythique des navigateurs : on y mange très bien, de la nourriture locale, poissons et crustacés.
Comme nous n'avions pratiquement pas marché depuis plus de trois mois, en raison du confinement, de la dengue puis la traversée, nous avons été nous dégourdir les jambes tout d'abord au Mont Guia, juste à côté de Horta, puis à la Caldeira de Faial, la crête de 8 kilomètres entourant le cratère du volcan : ça nous a fait un bien énorme, on en avait vraiment besoin, nos muscles avaient « fondu » !
Quasiment chacune des îles des Açores a son volcan.
Nous avons également participé à une sortie pour observer les baleines : nous avons ainsi pu voir des cachalots, des globicéphales ou « pilot whales », des rorquals boréals et plusieurs types de dauphins, c'était magnifique.
Pedro, notre guide pouvait localiser les cachalots dont leurs bruits caractéristiques « tac,tac,tac... » étaient amplifiés par l'hydrophone.
la morphologie de la queue est propre à chaque individu comme le sont nos empreintes digitales. Avec nous il y avait une professionnelle de la photo des baleines qui a réussi à prendre la queue de la baleine, j'ai copié son écran!
Les Açores sont riches en mammifères marins et les eaux propres, ce qui reflète une attention particulière pour une conservation minutieuse du patrimoine marin.
Nous nous préparons maintenant pour la traversée des Açores vers la France. Pierre a profité de cette escale pour changer le moteur du guindeau qui était « fatigué », beau travail !
Nous avons apprécié le calme de cette île, la gentillesse des gens, la beauté des paysages et... l'absence de moustiques : un endroit semble-t-il où il fait bon vivre.