32. De Jacaré à Trinidad
Partis le 4 avril 2019 de Jacaré au Brésil, nous suivons la côte sur la ligne des profondeurs de 1000 mètres où le courant est maximal (dans le bon sens!).

Nous traversons le ZCIT ( zone de convergence intertropicale, soit le pot-au-noir) où les vents sont irréguliers autant en direction qu'en intensité. Nous faisons tout de même environ 100 miles par jour (environ 180 km).

Certains d'entre vous nous ont demandé pourquoi nous retraversions l'Atlantique au lieu de monter directement le long de la côte africaine : depuis le Cap de Bonne Espérance, les vents et les courants (voir carte ci-jointe) nous amènent facilement sur la côte brésilienne puis aux Antilles. Si l'on monte la côte africaine nous rencontrons des courants et vents contraires suivant la distance à la côte.
La seconde raison résidait dans le fait de trouver un lieu sûr pour laisser le bateau quelques mois à sec dans un chantier: Trinidad est un lieu sûr, situé au sud de la zone des cyclones de l'hémisphère nord. Nous avions également des réparations à effectuer avec le bateau à sec.
Poursuivant notre route, nous passons devant le delta de l'Amazone, puis jusqu'en Guyane française où nous mettons l'ancre quelques jours dans les îles du Salut, archipel de trois îles dont l'île Royale, dans la baie des cocotiers. Nous profitons de cette escale pour monter au mât chercher notre anémomètre qui ne tournait plus : la tige était rouillée et a été changée par une pièce neuve (que Pierre avait bien sûr en réserve!



Nous repartons en rejoignant le courant qui nous entraîne entre 4 et 6 noeuds, cela avec un vent de travers entre 20 et 25 noeuds, ce qui nous fait avancer jusqu'à 10 noeuds et plus de 160 milles pas jour, un record, une navigation magnifique. A noter que l'on avait trois ris dans la grand-voile et un mouchoir de poche à l'avant, c'est-à-dire très peu de surface de voile.

Pendant ce trajet la pêche a été bonne, tout d'abord une dorade choryphène ou Mahi-mahi,

puis une bonite dont un carpaccio était dégusté moins d'une heure après...


Nous sommes arrivés sur l'île de Trinidad le 7 mai, en la contournant par l'est et en entrant par le détroit de la Bocca de Monos jusqu'à Scotland Bay.

La baie est magnifique et abritée, nous y sommes restés quelques jours avant de rejoindre le chantier naval. Nous avons entendu des groupes de singes hurleurs sans toutefois les voir. Ils se déplaçaient dans la jungle qui nous entourait.

un aigle-tyran

Arrivé au chantier naval à Chaguaramas, notre bateau a été mis à terre et nous avons commencé les travaux : réparations, maintenance et grands nettoyages.

Nous avions pris un cordage dans l'hélice en Afrique du Sud et la bague hydrolube a été abîmée, le moteur peinait à tourner correctement, pour cette raison nous ne l'avons utilisé que très rarement depuis Capetown. Pierre a procédé au démontage de l'arbre d'hélice, puis extraction de la bague hydrolube qui était rentée à l'intérieur du conduit de l'arbre.

Heureusement l'arbre n'a pas subi de dommages et Pierre avait une bague hydrolube neuve en réserve, toujours aussi prévoyant !

Il a raccordé non sans mal l'arbre au moteur et réinstallé l'hélice avec tous ses accessoires : bravo !
Pierre s'est lancé également dans la réparation du vérin du safran qui fuit et pour couronner le tout il a démonté complètement les toilettes avec tuyaux et vannes.

Pour ma part j'ai procédé aux nettoyages à fond : que de recoins, d'armoires et coffres de rangements. Je m'occupe également du matelotage, par exemple de retourner la chaîne d'amarrage, c'est-à-dire enlever l'extrémité attachée à l'ancre, la plus utilisée, et l'attacher au câblot, corde rallongeant le mouillage de l'autre côté de la chaîne.


Dans un bateau on n'a jamais fini de contrôler et de réparer. Le chantier exige également que l'on enlève le maximum de matériel mobile du bateau, en particuliers les voiles au cas où il y aurait des vents violents pendant la saison des pluies, cela afin de diminuer la prise au vent (le fardage) et abaisser le centre de gravité du bateau.
Nous sommes allés à Caroni visiter une réserve naturelle avec un sanctuaire d'oiseaux, situé dans un immense marécage recouvert d'une mangrove. Cet espace se visite à travers des canaux naturels avec des bateaux plats.

Nous avons pu observer :











Pendant notre séjour au chantier naval nous avons eu quelques visiteurs :




Nous allons laisser notre bateau à Chaguaramas pendant la saison des cyclones, c'est-à-dire de juin à novembre et retourner en Suisse.
En attendant de vous retrouver, nous vous souhaitons à tous un bel été.
Bises à tous
Pierre et Christiane Courteheuse
Yacht Diaoul
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