31. Traversée Le Cap - Sainte Hélène – Jacaré

Après s'être imprégné de l'Afrique du Sud, nation arc-en-ciel selon Mandela, nous quittons la ville du Cap le 5 février pour Sainte Hélène puis le Brésil.

La première semaine se passe bien avec plus de 100 miles (180 km) par jour. Nous tangonnons le génois ce qui nous permet de naviguer sur la panne, plein vent arrière et de mettre le cap directement sur Sainte Hélène.

Puis nous traînons encore deux semaines dans peu ou pas de vent, le temps de pêcher une magnifique dorade choryphène (Mahi mahi).

Dans la soirée du 26 février nous apercevons la silhouette montagneuse de l'île que nous aborderons après l'avoir contournée et attendu patiemment à la cape jusqu'au lever du jour.

Nous allons amarrer à l'une des nombreuses bouées prévues à cet effet : elles ressemblent à des meules d'Emmenthal sur lesquelles on doit descendre pour amarrer la corde à un anneau. Ces bouées sont fixées solidement sur le fond à plus de 25 mètres, raison pour laquelle il n'est pas conseillé de mettre l'ancre.

Pour se rendre à Jamestown, principale ville de l'île, nous appelons le « ferry-boat » ou bateau-taxi sur le canal 16 de la VHF ; il passe toutes les heures dans le mouillage pour amener ou prendre des équipages.

L'arrivée est acrobatique car il n'y a pas véritablement de port, mais une esplanade , régulièrement balayée par les vagues et sur laquelle on monte au moyen d'une corde à nœuds.

Jamestown est au fond d'une vallée, petite ville ou chacun se salue avec un sourire. Le style est très anglais à tous les points de vue. On y trouve « ce qui reste » après le passage mensuel du cargo qui ravitaille l'île : pas d'oeufs, pas de miel, pas de fruits, quelques légumes locaux tels tomates et concombres. Heureusement que nous avions été prévenus qu'il fallait se ravitailler en Afrique du Sud pour toute la traversée jusqu'au Brésil.

Nous visitons l'île avec le fameux guide Robert Peters, 82 ans, qui lorgne l'arrivée des nouveaux bateaux et leur propose ses services. Nous faisons le tour de l'île en passant par le pavillon Briars, première étape de Napoléon à son arrivée.

Puis nous nous rendons à Longwood, maison entourée de jardins où a séjourné Napoléon, « prison dorée » avec vue sur la mer.

Dernier séjour
de Napoléon à Sainte-Hélène, sa tombe, dont il a choisi l'emplacement au milieu d'une clairière, avant d'être transféré quelques années plus tard aux Invalides à Paris.

L'île de Sainte-Hélène est formée de 2 parties géologiquement très différentes : la périphérie de l'île, volcanique, très aride, et le centre, en altitude, verdoyant.
Autrefois les habitants de l'île exploitaient le lin, la culture et la préparation de la fibre de lin dans des moulins (flax mills) et l'exportaient. Avec la concurrence d'autres pays et le passage à la fibre synthétique, cette industrie a complètement disparu.

Les Saints, c'est ainsi que l'on appelle les habitants de Sainte-Hélène, ont fait construire un aéroport international avec une piste pouvant recevoir les gros avions et ainsi pouvoir développer le tourisme. Ce fut un grand « flop », car les concepteurs n'avaient pas étudié l'effet des alizés sur une piste dont l'orientation était perpendiculaire à la direction du vent : le résultat s'est révélé désastreux car les gros avions ne peuvent pas se poser, seulement les petits et pas tout le temps. Et tout ça sponsorisé par la communauté européenne !
A Jamestown on se retrouve chez Ann's Place, café-restaurant ouvert comme une véranda, orné de toutes sortes de plantes avec vue sur la parc du Château, où les « Yoties » peuvent se restaurer et utiliser la Wi-Fi (payable à l'heure!).

L'échelle de Jacob relie la ville basse à la ville haute : 699 marches, 280 m de longueur, 183 m de dénivelé, construit en 1829, bon courage !

«Madame La gouverneur » de Sainte-Héléne habite une immense bâtisse dans le centre de l'île « La Plantation » où se promène une tortue éléphantine d'une centaine d'années, la plus vieille mondiale après le décès de Jack des Galapagos !
On repaire facilement sa voiture!

Un "cardinal"

On quitte Sainte-Hélène le 6 mars, cap sur Jacaré au Brésil. De même que la précédente traversée, la première semaine est rapide avec un vent entre 10 et 20 noeuds (18-36 km/h), puis on ralentit de nouveau, toujours génois tangonné et naviguant sur la panne, pile au cap.

La vie à bord reprend !
On fait germer des graines…

et l’on confectionne des yoghourts avec la chaleur du soleil.

Séchage dans le cockpit après 36 heures de « grains » ! (averses soudaines, accompagnées de vents plus ou moins violents, avec ou sans orage)
Nous pêchons un magnifique thazard (Wahou) qui nous donne à manger pour 3 jours. Depuis Le Cap, nous avons vu deux baleines près du Cap, quelques dauphins, pas de tortues, nous sommes un peu déçus par la faible présence d'animaux marins. D'autres ont pêché des thons ou des bonites.

Nous gardons le contact avec nos amis marins qui font la même route que nous, par des messages envoyés par satellite. Ils sont plus rapides que nous, certains sont déjà au Brésil et nous informent des conditions d'arrivée, navigation et formalités.

Belles lumières après le coucher du soleil

Nous arrivons le 28 mars à l'embouchure du fleuve Paraïba : comme il fait nuit et que nous avons encore quelques miles pour remonter le fleuve jusqu'à Jacaré, nous mettons l'ancre sur un haut-fond et dormons enfin une nuit entière avant d'entreprendre au petit matin la remontée du fleuve.

le long du fleuve...

un peu de forêt primaire (…pour Eric F.!)
A Jacaré un comité d'accueil nous attend, dont Alain et Patricia de CG et Frank ainsi que les gens de la marina. C'est vendredi, demain matin il y a le marché à Cabadelo, on s'y rend en train, excellente introduction au Brésil.

De retour on savoure une dorade choryphène que Frank a rapporté du marché, grillée sur le barbecue de CG, quel délice.
Dès le lendemain, Pierre se met à la maintenance et réparations du bateau.
Jeanne et Régis de XE se préparent pour leur dernière traversée jusqu'en Martinique, ils ont vendu leur magnifique bateau après 13 ans de navigation et vont le laisser au Marin. On fête leur départ avec les équipages de trois autres bateaux francophones …
...les langoustes et les caïpirinhas ne manquent pas à l'appel.
Nous nous préparons à partir pour Trinidad où nous laisserons le bateau à sec pendant la saison des cyclones aux Antilles.
A tous, nos meilleurs messages et le plaisir de vous retrouver cet été en Suisse. Pierre et Christiane à Sainte-Hélène
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